Le Deuil – Quèsaco?
Le processus du deuil à la lumière de la Communication NonViolente.

 Contexte:

Ma relation avec mon partenaire (avec qui j’étais depuis 6 ans) s’est terminée, ou plutôt, elle change de configuration, et avec ça, beaucoup de changements:

  • Nous ne vivons plus ensemble,
  • Il explore l’intimité avec quelqu’un d’autre
  • Je change de maison, de pays (je rentre en France après quelques années aux Pays-Bas) et de fait, je m’éloigne de personnes qui m’étaient proches à Amsterdam.
  • Ma structuration professionnelle change aussi, je serai bien moins souvent à Amsterdam donc travaillerai moins régulièrement pour connecting2life qui était mon employeur (en plus d’être mon ami, collègue et collaborateur principal).

Que de changements…Face à ces changements drastiques, à ces pertes s’en suit une traversée du « deuil ».

Alors c’est quoi le deuil? Comment le traverser? Qu’est-ce-que la CNV propose à ce sujet?

C’est quoi faire le deuil? J’ai entendu par le passé un certain concept psychologique que j’ai compris comme: « Il faut faire le deuil, si je ne le fais pas, je suis alors bloquée et ne peux pas passer à autre chose ». Du coup j’avais vraiment à coeur de faire le deuil (pour avancer) mais faire le deuil de quoi et surtout COMMENT???

À travers mon apprentissage de cette école de la vie qu’est pour moi la CNV et avec une grande gratitude aux enseignements de Yoram Mosenzon, j’expérimente que le deuil n’est pas quelque chose à faire, plutôt quelque chose à autoriser quand c’est là.

Le deuil est un processus passif (l’accueillir, l’autoriser à venir), plutôt qu’un processus actif (chercher à résoudre, faire). Le deuil c’est le laisser venir quand c’est là. C’est m’autoriser à ressentir mes sentiments/sensations inconfortables →  laisser l’inconfort faire le travail qu’il a à faire. Mes sentiments/sensations sont la pour servir la vie. J’apprends à aimer de plus en plus les 2, le confortable aussi bien que l’inconfortable car les deux sont des guides précieux et précis qui me mènent à connecter à la vie, c’est à dire à prendre soin d’une qualité de vie désirée (les besoins comme on l’appelle en CNV).

C’est radicalement différent de l’éducation que j’ai reçu en grandissant qui est: Si je me sens mal (sentiments/sensations inconfortables), je monte dans ma tête et pense à la vitesse de la lumière: « Ohhhhh y’a quelque chose qui cloche, quelque chose est foireux là, il faut que je trouve une solution tout de suite, que je résolve le problème », et ça, ça amène inévitablement une couche en plus de tension…

Plutôt, j’ai à coeur de rencontrer l’inconfort avec le message suivant: « Sentiments, sensations inconfortables, il y a de la place pour vous tel-le-s que vous êtes ». Puis je respire pour me laisser littéralement sentir et prendre plaisir à mes sensations désagréables. Il y a un phénomène qui est que dès qu’un sentiment/sensation est accueilli-e, ça commence à bouger. Ce n’est pas statique, ça ne reste jamais pareil. C’est un mouvement de guérison.

Le deuil c’est le temps que ça prend pour faire le pont entre mon imagination et la réalité:

Faire le deuil c’est dire au revoir à ma stratégie préférée (mon ex-partenaire), et doucement connecter au(x) besoin(s) qu’il y a derrière, atterrir sur ce(s) besoin(s), connecter à son pouvoir de création et aux milliers de stratégies possibles et disponibles pour nourrir ce(s) besoin(s). Deuiller c’est le processus que ça prend pour revenir à ce pouvoir de création.

Dans mon cas, ma relation amoureuse à pris fin (pour prendre une autre forme).

Accueillir les pensées:

Au début le deuil a été très puissant et ça a commencé avec un océan de pensées (chacals): «J’ai perdu l’homme de ma vie, l’homme le plus sensible du monde, je rencontrerais jamais quelqu’un comme ça, c’est un échec, jamais plus personne ne m’aimera et me chérira comme il l’a fait, j’ai tout perdu, c’est la cata, je vais mourir…. »

Ça c’est le début du processus de deuil: accueillir les pensées, les histoires que je projette, que je me raconte, mon combat constant contre la réalité « ça ne devrait pas être comme ça, il fat que l’on se remette ensemble…. » alors que la réalité est que l’on s’est séparé.

Accueillir les sensations/sentiments purs dans le corps:

J’accueille pleinement ces pensées sans les censurer….jusqu’à ce que je commence à accueillir la douleur pure dans mon corps. Et doucement traverser les couches du deuil (j’ai besoin de temps pour ça et de beaucoup de présence empathique de moi-même et de personnes qui me soutiennent avec leur présence empathique).

« Accueillir la douleur pure dans mon corps: les sensations physiques, le ventre noué, la boule dans la gorge, l’océan de larmes, la rage et l’impuissance qui serrent ma poitrine ».

Connecter au(x) besoin(s):

Traverser la perte de la proximité avec cette personne spécifique: j’ai besoin de temps pour m’acclimater/m’ajuster à cette nouvelle situation….de passer de mon attachement à cette stratégie spécifique aux besoins sous-jacents que je souhaite vivre, dans mon cas:

« J’ai tant besoin de confiance que je vais être en sécurité, entourée et aimée ».

Peu à peu (et ça peut prendre son temps), quand je touche la puissance créatrice des besoins-alors je rentre dans l’abondance de la vie qui est pleine d’opportunités et d’options pour nourrir les besoins; des milliers de stratégies disponibles pour moi. « Je suis amusée là d’ailleurs en écrivant cela de réaliser que déjà de nouvelles opportunités s’offrent à moi: une rencontre qui me touche, de nombreuses invitations de stages en France…. »

Les différentes couches du deuil:

Je tiens à préciser que durant ce processus je passe à travers des couches différentes (c’est pas forcément linéaire ça fait des vas et viens) comme: la colère, la douleur, l’impuissance, la peur, la tristesse et la connexion à une nouvelle force.

Comments · 6

  1. Bonjour Oriane,
    Grand merci pour ce billet qui fait écho à des échanges qu’il y a eu ce week-end pendant le cursus Vivre et incarner la CNV en cours avec Yoram justement. Vivre, traverser et être traversé-e par le deuil est un sujet que j’explore moi-même beaucoup en ce moment. La CNV m’ est d’une grande aide pour cela.
    Est-ce que tu serais d’accord pour que je partage ton texte au groupe du cursus via notre groupe privé sur Facebook?

    1. Cindy, merci de m’avoir lu et de prendre le temps de dire tes échos, j’aime ça….et savoir qu’on est pleinssss à vivre ça 🙂
      Oui avec grand plaisir pour que tu leur envoies le lien de mon blog ou ce que tu veux.

  2. Coucou Oriane,

    Merci pour ton partage qui me parle et me remplit de plein d’affection pour ce que tu traverses.
    J’aime cette idée de se laisser traverser par le deuil plutôt que de chercher à le maîtriser.

    Touché. Une belle pensée pour toi. ?
    Tino

  3. Merci Oriane pour ce partage du coeur…
    « accueillir ce qui EST » expliqué en détail, c’est apprendre à vivre ! Merci Oriane, je vais lire et relire ton billet
    Je te souhaite une très belle année 2020, un nouveau départ…

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