Consentement et dialogues autour du Non

L’été dernier j’ai fais l’amour avec quelqu’un et à un moment il m’a demandé « Est-ce que c’est ok pour toi cette position ? » J’ai dis “….Oui”, et j’ai donné ma réponse un peu trop vite car en fait je ne savais pas, j’étais dans ce qu’on j’appelle la « zone grise », la zone ou en fait j’ai besoin de ralentir et ralentir encore pour sentir ce que mon corps veut vraiment. Mais j’ai dis “…Oui”. Et du coup je l’ai fait. Juste après l’acte, je me suis sentie mal à l’aise et confuse sans prendre conscience de ce qu’il s’est joué pour moi. Le lendemain déjà, je sentais une légère distance avec cet amoureux comme si mon corps voulait le repousser, le rejeter. Et ça a duré…Plus les jours, semaines, mois sont passés plus j’ai senti de la distance, l’envie de me protéger « de lui » et surtout plus du tout envie de faire l’amour, pas de désir, pas de passion.

Avec suffisamment de re-connexion à moi, d’écoute et assez de sécurité avec cette personne j’ai pu en parler en décembre (quelques mois après). J’ai pu commencer à dire. Heureusement cette personne à des outils en CNV et il a pu m’accueillir de A à Z. J’ai eu besoin de plusieurs sessions où il a pu m’écouter sur ce qui s’est joué pour moi : ma difficulté à sentir mon corps (dans la sexualité comme dans d’autres domaines) combien j’ai besoin de soutien pour sentir « mes oui et mes non » et pour re-gagner ma souveraineté à tous les niveaux.

Il y a quelques jours j’ai refais l’amour avec cette personne et c’était comment dire ❤️… (Je ne rentrerais pas dans les détails). Bref, je me suis sentie en sécurité notamment pour dire à un moment par exemple “là j’ai mal stop” et lui m’ a demandé “ça va là ?” à un moment où il n’était pas sûr où j’en étais.

Je prends la mesure de l’impact que ce faux-oui a eu sur mon corps, mon désir mais aussi avec cette personne (des mois de distance physique).

Je ressens un grand, un énorme deuil face à l’éducation reçue, le système dans lequel j’ai grandi qui selon moi ne m’a pas (ne nous a pas ?) soutenu à sentir « nos oui et nos non » dès l’enfance : “Fais un bisou à la madame…” et en même temps, je célèbre la ré-éducation en cours à mon niveau et tout autour de moi : réapprendre à sentir « nos oui et nos non ».

Le Deuil – Quèsaco?
Le processus du deuil à la lumière de la Communication NonViolente.

 Contexte:

Ma relation avec mon partenaire (avec qui j’étais depuis 6 ans) s’est terminée, ou plutôt, elle change de configuration, et avec ça, beaucoup de changements:

  • Nous ne vivons plus ensemble,
  • Il explore l’intimité avec quelqu’un d’autre
  • Je change de maison, de pays (je rentre en France après quelques années aux Pays-Bas) et de fait, je m’éloigne de personnes qui m’étaient proches à Amsterdam.
  • Ma structuration professionnelle change aussi, je serai bien moins souvent à Amsterdam donc travaillerai moins régulièrement pour connecting2life qui était mon employeur (en plus d’être mon ami, collègue et collaborateur principal).

Que de changements…Face à ces changements drastiques, à ces pertes s’en suit une traversée du « deuil ».

Alors c’est quoi le deuil? Comment le traverser? Qu’est-ce-que la CNV propose à ce sujet?

C’est quoi faire le deuil? J’ai entendu par le passé un certain concept psychologique que j’ai compris comme: « Il faut faire le deuil, si je ne le fais pas, je suis alors bloquée et ne peux pas passer à autre chose ». Du coup j’avais vraiment à coeur de faire le deuil (pour avancer) mais faire le deuil de quoi et surtout COMMENT???

À travers mon apprentissage de cette école de la vie qu’est pour moi la CNV et avec une grande gratitude aux enseignements de Yoram Mosenzon, j’expérimente que le deuil n’est pas quelque chose à faire, plutôt quelque chose à autoriser quand c’est là.

Le deuil est un processus passif (l’accueillir, l’autoriser à venir), plutôt qu’un processus actif (chercher à résoudre, faire). Le deuil c’est le laisser venir quand c’est là. C’est m’autoriser à ressentir mes sentiments/sensations inconfortables →  laisser l’inconfort faire le travail qu’il a à faire. Mes sentiments/sensations sont la pour servir la vie. J’apprends à aimer de plus en plus les 2, le confortable aussi bien que l’inconfortable car les deux sont des guides précieux et précis qui me mènent à connecter à la vie, c’est à dire à prendre soin d’une qualité de vie désirée (les besoins comme on l’appelle en CNV).

C’est radicalement différent de l’éducation que j’ai reçu en grandissant qui est: Si je me sens mal (sentiments/sensations inconfortables), je monte dans ma tête et pense à la vitesse de la lumière: « Ohhhhh y’a quelque chose qui cloche, quelque chose est foireux là, il faut que je trouve une solution tout de suite, que je résolve le problème », et ça, ça amène inévitablement une couche en plus de tension…

Plutôt, j’ai à coeur de rencontrer l’inconfort avec le message suivant: « Sentiments, sensations inconfortables, il y a de la place pour vous tel-le-s que vous êtes ». Puis je respire pour me laisser littéralement sentir et prendre plaisir à mes sensations désagréables. Il y a un phénomène qui est que dès qu’un sentiment/sensation est accueilli-e, ça commence à bouger. Ce n’est pas statique, ça ne reste jamais pareil. C’est un mouvement de guérison.

Le deuil c’est le temps que ça prend pour faire le pont entre mon imagination et la réalité:

Faire le deuil c’est dire au revoir à ma stratégie préférée (mon ex-partenaire), et doucement connecter au(x) besoin(s) qu’il y a derrière, atterrir sur ce(s) besoin(s), connecter à son pouvoir de création et aux milliers de stratégies possibles et disponibles pour nourrir ce(s) besoin(s). Deuiller c’est le processus que ça prend pour revenir à ce pouvoir de création.

Dans mon cas, ma relation amoureuse à pris fin (pour prendre une autre forme).

Accueillir les pensées:

Au début le deuil a été très puissant et ça a commencé avec un océan de pensées (chacals): «J’ai perdu l’homme de ma vie, l’homme le plus sensible du monde, je rencontrerais jamais quelqu’un comme ça, c’est un échec, jamais plus personne ne m’aimera et me chérira comme il l’a fait, j’ai tout perdu, c’est la cata, je vais mourir…. »

Ça c’est le début du processus de deuil: accueillir les pensées, les histoires que je projette, que je me raconte, mon combat constant contre la réalité « ça ne devrait pas être comme ça, il fat que l’on se remette ensemble…. » alors que la réalité est que l’on s’est séparé.

Accueillir les sensations/sentiments purs dans le corps:

J’accueille pleinement ces pensées sans les censurer….jusqu’à ce que je commence à accueillir la douleur pure dans mon corps. Et doucement traverser les couches du deuil (j’ai besoin de temps pour ça et de beaucoup de présence empathique de moi-même et de personnes qui me soutiennent avec leur présence empathique).

« Accueillir la douleur pure dans mon corps: les sensations physiques, le ventre noué, la boule dans la gorge, l’océan de larmes, la rage et l’impuissance qui serrent ma poitrine ».

Connecter au(x) besoin(s):

Traverser la perte de la proximité avec cette personne spécifique: j’ai besoin de temps pour m’acclimater/m’ajuster à cette nouvelle situation….de passer de mon attachement à cette stratégie spécifique aux besoins sous-jacents que je souhaite vivre, dans mon cas:

« J’ai tant besoin de confiance que je vais être en sécurité, entourée et aimée ».

Peu à peu (et ça peut prendre son temps), quand je touche la puissance créatrice des besoins-alors je rentre dans l’abondance de la vie qui est pleine d’opportunités et d’options pour nourrir les besoins; des milliers de stratégies disponibles pour moi. « Je suis amusée là d’ailleurs en écrivant cela de réaliser que déjà de nouvelles opportunités s’offrent à moi: une rencontre qui me touche, de nombreuses invitations de stages en France…. »

Les différentes couches du deuil:

Je tiens à préciser que durant ce processus je passe à travers des couches différentes (c’est pas forcément linéaire ça fait des vas et viens) comme: la colère, la douleur, l’impuissance, la peur, la tristesse et la connexion à une nouvelle force.

Quand l’adversité est au rendez-vous, l’un des plus grands cadeaux: la présence empathique. 

Des fois, y’ a des coups durs…..j’ai beau me dire « Pourquoi? Comment? Je pensais que ça arrivait qu’aux autres »… ben non….Ça arrive (aussi) à moi. Ce partage est assez intime et vulnérable, j’espère que ça ne vous choquera pas, mon intention c’est de partager ce qui jalonne ma vie, mon expérience (plutôt que de la théorie), et en quoi la CNV est pour moi un soutien de tous les instants.

Mon partenaire (relation depuis 5 ans) a rencontré quelqu’un…
J’arrive toujours pas à l’encaisser en l’écrivant. C’est dur, ça pique, ça fait mal et pourtant c’est la réalité.

Il n’y a eu aucun mensonges, aucune « trahison » tout a été transparent, j’ai été incluse tout du long et je suis touchée de ça ET ET ET ça fait mal, très mal.
Je me vois pas ni ne me considère faisant partie de la grande famille des polyamoureux-euses, notre relation était exclusive.
Je dirais que c’est la vie qui a amené cette situation là pour pleins de raisons différentes que je ne vais pas citer là (ce n’est pas le but de cette histoire).

Donc voilà … et là c’est le chaos, 45678 pensées tournent dans ma tête.
Et c’est un tsunami d’émotions qui déferlent en moi depuis des jours: jalousie, colère, peur voir même terreur, tristesse etc.

Dans la traversée de ces vagues, j’ai eu la possibilité de gouter à 2 genres d’accueil de la part de mon entourage: non-empathique et empathique:

Réponses Non-empathiques:

(Je clarifie qu’il n’y a rien de mal à ça, hyper clair que ça part toujours de belles intentions de soutenir et d’aider!)

Plusieurs personnes autour de moi (famille, certain-e-s ami-e-s), qui n’ont pas ces ressources/compétences empathiques ont accueilli cette nouvelle de cette manière:

« Quoi?! Quitte-le! »
« Mais c’est qui cette fille, ça va pas non?! C’est pas sain »
« Allez-allez calme toi Oriane, ça va passer »
« Oh ben écoute il y a des gens qui traversent des trucs encore plus durs, par exemple un tel a perdu son enfant ou une telle a un cancer »

Quand je reçois ce genre de remarques, l’effet que ça a sur mon organisme est de me couper de mon ressenti, je me déconnecte de ce que je traverse, je mets un couvercle sur ce qu’il se passe dans mon corps. Souvent, un sentiment de solitude, de coupure de moi et de repli font suite.

Réponses Empathiques:

J’ai pas mal de girafes (pratiquant-e-s CNV) autour de moi, donc j’ai pu recevoir beaucoup de cette présence là (Gratitude!).

Comme le dit – Phd. Palmer: “L’âme humaine ne souhaite ni être conseillée, ni solutionnée. Elle aspire plutôt à être vue et reconnue telle qu’elle est dans ce qu’elle traverse”.

Ce qui a le plus contribué pour moi dans ce passage, c’est tous ces moments ou les personnes n’ont pas cherché à trouver de solutions, me conseiller ou émettre leurs opinions mais ont pu rester avec moi (souvent en silence), comme si je pouvais traverser le feu, l’enfer, l’intensité de mes émotions, accompagnée main dans ma main avec quelqu’un-e.

La présence empathique est avant toute technique, une qualité de présence, de disponibilité qui ne cherche pas à solutionner, régler les choses voir même aider. C’est plutôt une attitude de non-jugement qui accueille absolument tout ce que l’autre traverse (pensées, jugements sur soi/les autres, sentients, sensations physiques….), en offrant un espace qui a comme sous-titres: « partage moi qui tu es, je souhaite t’accueillir inconditionnellement tel-le que tu es ».

Concrètement elle peut se démontrer en:

  • offrant tout simplement une écoute silencieuse, (je pratique ça chaque jour avec un « pote d’empathie » ou l’on s’écoute mutuellement 10mn chacun-e),
  • usant de reformulations: tout simplement faire miroir, reformuler ce que l’on entend de l’autre pour être sur-e d’être bien avec elle/lui, pour entre sure d’avoir bien reçu son message. C’est dingue le bien-être que ça peut me procurer d’avoir l’expérience d’être entendu pas juste que l’on me dise « je vois ce que tu veux dire » mais que littéralement la personne reflète mes mots, et à travers ça mon vécu, ma sensibilité.
  • centrant son attention sur les sentiments et les besoins/aspirations de la personne, derrière tout message se cache des sentiments, le coeur de la vulnérabilité, et ses sentiments sont le fil conducteur vers des aspirations que l’on souhaite vivre (paix, amour, être entendu, avoir sa place etc.).

Je pratique cet art de l’empathie depuis 18 ans alors je doute qu’en lisant ces quelques mots tout soit clair pour ceux qui ne connaissent pas encore la CNV, mais je tenais à faire de mon mieux pour en parler un peu!

En tout cas, dans cet « effondrement » que je traverse (de ma sécurité, du connu, de mon sytème d’envisager les relations), ce qui m’aide à traverser, digérer et me relever est cet accueil inconditionnel qui ne cherche pas à solutionner, à régler mais bel et bien à traverser le feu avec moi main dans la main. Je suis émue de repenser aux nombres de personnes qui ont été là pour accueillir mes vagues avec cette qualité de soutien, je ne sais pas trop ou je serais actuellement sans ce système de soutien!

Je continue à me relier encore et encore au sens que ça a pour moi de transmettre cette CNV, ce pouvoir de l’accueil qui dans bien des situations d’adversité de la vie m’aide littéralement à traverser le flammes.

Pour plus de mots et d’infos sur le pouvoir de l’empathie allez voir ici.

Au plaisir de vous retrouver en sessions individuelles, médIAtions (pas médiTAtion) et stages.

La médiation en CNV:
Une possibilité lorsque 2 personnes n’arrivent pas à s’écouter et que la violence escalade.

CONTEXTE:

Je reviens d’un repas avec mon partenaire et un couple d’ami-e-s: Pierre et Julie.
Tout allait « bien » jusqu’au moment ou Pierre a demandé à Bonno (mon partenaire) d’éteindre son portable.
Ça a pris quelques secondes pour que Bonno ressente de la colère, en fait ça a ravivé pas mal de choses qui n’étaient pas résolues entre eux (ce sont des amis de longues dates et ces derniers temps, ils ont tous 2 accumulé pas mal de choses en lien avec l’autre).

Bonno a exprimé toute la colère qu’il ressentait, Pierre a quitté la pièce après quelques minutes, disant qu’il avait besoin de digérer et de faire une pause car s’il ouvrait la bouche « ...ça allait partir en live« .

Oups……Silence dans la cuisine…

DEUX MANIÈRES TRAGIQUES DE RÉPONDRE AUX CONFLITS:

Enfant, et jusqu’à ce que la CNV croise ma route, le seul modèle de résolution des conflits que j’ai connu se résumait à 2 alternatives:
-soit c’est l’escalade de la violence verbale, voire parfois physique, et suite à ça c’est LA DISTANCE dans le lien.
-soit c’est la répression totale des émotions, tout le monde étouffe tout, sous couvert de discussions anodines, de la pluie et du beau temps et…. c’est aussi LA DISTANCE dans le lien.
Dans les 2 cas, DISTANCE….

CONFLIT, DÉFINITION:

Parfois le chiffre 2 est trop pauvre en ressources, surtout quand deux personnes souhaitent être entendues et s’exprimer en même temps. ce qui est d’ailleurs la définition d’un conflit:
« Lorsque 2 personnes souhaitent s’exprimer en même temps et qu’ il n’y a pas d’espace d’écoute ».

Dans notre situation, Bonno et Pierre n’ont pas pu s’écouter mutuellement, chacun était plein, pas d’espace pour écouter l’autre. Comme deux verres d’eau remplis qui essaient de se déverser l’un dans l’autre, ça ne marche pas…

Comme dit le proverbe africain « Ça prend un village pour éduquer-soutenir un enfant », ben moi je pense que ça prend un village pour éduquer-soutenir toute relation! Qu’elle soit amoureuse, amicale…à partir du moment ou c’est proche et que l’action de l’un peut influencer la vie de l’autre.

MÉDIATEUR-TRICE CNV, QU’EST-CE-QUE C’EST?

En CNV, le terme médiateur est très différent de comment ce mot est perçu ailleurs. Dans d’autres cadres, « médiateur » rime avec quelqu’un qui amène des solutions et/ou aussi avec la justice. En CNV, le médiateur est une personne qui a de l’espace et de la ressource empathique pour pouvoir entendre les besoins important sous jacents des deux individus, le médiateur offre sa disponibilité et ses oreilles girafes et aide littéralement à ce que chaque message puisse être entendu par l’autre.
Focalisée sur la connexion (l’écoute des besoins et le soutien à l’expression authentique) plutôt que sur le fait de trouver des solutions la médiation CNV permet, selon moi, une (re-)connexion et l’émergence vers la coopération naturelle entre 2 êtres humains.

Alors c’est ce que l’on a fait….On était chanceux-ses, Julie et moi étions plutôt disponibles et tranquilles.
On a écouté Bonno, pendant 30mn (Pierre était dans la chambre d’à coté).
On a écouté Bonno sans essayer de le fixer, de solutionner ni de donner des conseils, mais en se centrant sur son coeur et offrant une présence spacieuse, on était en fait assez silencieuses dans notre écoute.
Après 30mn, Bonno respirait plus profondément et semblait dans une autre énergie que je qualifierais de « tranquille ».
Pierre est revenu, on a mangé et à ma grande surprise c’était plutôt tranquille et harmonieux voir même parsemé d’humour, comme une pause, une trêve, une brise de connexion du fait d’avoir accueilli les émotions de Bonno telles qu’elles étaient sans chercher à les étouffer ou encore les solutionner.
Puis on s’est mis à écouter Pierre tous les 3, Bonno avait pu déverser son trop plein et était maintenant plus apte à recevoir.
Bonno pouvait parfois même  reformuler ce qu’il entendait de Pierre, lui dire l’essence de ce qu’il entendait de son message.

À notre départ tout le monde s’est fait des embrassades. …

PROLOGUE:

Ce qui me touche le plus quand je pense à cette anecdote, c’est le fait d’accueillir la vie telle qu’elle se présente, quand Bonno a été en colère, plutôt que d’arrêter sa vague, on l’a accueilli, entendu. Plutôt qu’ignorer, réprimer ou rejeter cette énergie là, on l’a invité à table avec nous.
J’aurais tant aimé avoir ce modèle enfant, pour que peu à peu le conflit ne m’apparaisse plus comme synonyme de danger ou de déconnexion mais plutôt comme faisant parti de la vie.
Mon rêve serait que chacun-e puisse être formé-e à la médiation CNV pour que ces situations du quotidien puissent trouver l’espace d’être et que le conflit devienne un cadeau plutôt qu’un fléau.

le Chacal et la Girafe
-la symbolique en CNV-

Le Chacal et la Girafe…. « Mais c’est quoi ces marionnettes là ? On n’est pas des enfants ?! », m’a déjà dit un participant.

Marshall a pris ces 2 animaux comme symbole à la fois ludique et pédagogique (je les utilise moi-même beaucoup dans mes stages, j’adore le coté direct, clair et touchant qu’ils amènent), pour représenter:

LE CHACAL:

Une langue basée sur la croyance, que moi en tant qu’être humain, je pense savoir ce qui est bien/mal et bon/mauvais. Ça s’infuse dans mon language sous forme de:

A) Jugements « Tu es égoïste, il est flemmard, je suis nul-le… »
B) Language basé sur les « Il faut, Je dois, Tu devrais…. »
C) Comparaison « Je suis plus….Il est moins que…. »

Le language chacal n’est pas ‘mal’ -sinon je reste dans le même paradigme de pensée Bien/Mal- je dirais que c’est plutôt une stratégie, un moyen pour essayer de nourrir mes besoins…La « tragédie » du language chacal c’est que d’après mon expérience de vie, souvent ça ne nourrit pas mes besoins …. et ne crée pas la coopération tant souhaitée….la personne tend à se défendre, attaquer en retour ou se couper du lien, prendre de la distance.

Par exemple si je dis à mon compagnon en rentrant chez moi: « Putain Bonno, y’ en a partout là, ta vaisselle dans l’évier, tes chaussettes par terre, du dentifrice dans la salle de bains, pffff j’en ai marre, tu ranges rien, tu nettoies rien, t’es bordéliqueeeeeeee! », je doute que lui prenne l’envie de s’agenouiller devant moi en me remerciant pour ma vulnérabilité et que ça l’inspire à me soutenir dans l’ordre et la beauté que je souhaite tant…Pour l’avoir vécu 🙂 il va plutôt se défendre, m’attaquer en retour: « C’est toi qu’a un balai dans le c……! » ou prendre de la distance, genre: « Parle toujours… je fais ma life ».

Si j’écoute les besoins universels humains derrière ma phrase:
« Putain Bonno, y’ en a partout là, ta vaisselle dans l’évier, tes chaussettes par terre, du dentifrice dans la salle de bains, pffff j’en ai marre, tu ranges rien, tu nettoies rien, t’es bordéliqueeeeeeee! »
Si j’essaie d’entendre derrière les mots ce à quoi cette personne aspire (moi en l’occurence ;)), j’entends des besoins d’ordre, harmonie, beauté, voir même une paix et clarté intérieure et du coup de la disponibilité.

LA GIRAFE:

symbolise le language de la CNV, une description de la réalité: mes observations, sentiments, besoins et éventuellement une demande, plutôt que de juger ou d’étiqueter. Cette langue Girafe m’aide à reprendre mon pouvoir en ramenant les choses à soi, en parlant de moi, plutôt que d’essayer, en vain, de changer les autres pour nourrir mes besoins.

Par exemple: « Bonno, je suis crevée là, et quand je vois la vaisselle, le dentifrice, les chaussettes, j’ai une grosse vague de stress,  trop envie de me détendre, de pouvoir me siroter un verre de vin tranquille et ça m’est moins facile de me détendre quand le maison est moins rangée que ce ce que j’aime, ça te dit on prend 10mn et on range ensemble? »

ETTTTTT d’être ouverte à ce que l’autre puisse dire « NON », parler ainsi n’est pas dans l’intention que l’autre fasse ce que je veux mais plutôt de prendre soin du lien, de la relation et de créer une coopération qui éventuellement contribue à ce que l’autre veuille me soutenir à nourrir mes besoins.

J’adore les chacals, je ne tente pas de les éradiquer ni de les éviter (je suis comme ça, j’ai hérité de milliers d’années d’éducation et de language chacal, mes racines sont chacals! Que je le veuille ou non, à la vitesse de la lumière, quand quelqu’un-e fait quelque chose qui ne me va pas, je juge),  j’essaie plutôt de les écouter et de les traduire, c’est là que la CNV a été un réel changement de paradigme pour moi, le jour ou j’ai entendu Marshall dire « Tous les jugements, la violence, est une manière tragique et maladroite d’exprimer des besoins universels humains ».

« Quoi?! Alors, ça veut dire que dès que je juge quelqu’un-e ou quand quelqu’un-e me juge, c’est en fait la version maladroite d’un besoin qui cherche à se dire!!!? »
Ça a été pour moi un grand moment cette réalisation, comme la vision d’un autre monde possible, la clef pratique pour aller vers ce fameux « champs » dont parle Poète et Sufi Rumi: « Au delà du bien et du mal, il y a un champs, c’est là que je souhaite te rencontrer ».

Conflit avec ma nièce d’un an et demi:
« Mets ton bonnet! Noooooon veux pas! »

LE CONFLIT:

Il y a quelques jours, j’étais avec ma nièce d’1 an et 6 mois, Rosa. J’ai passé l’après-midi avec elle et à un moment un conflit éclate entre elle et moi : Nous sommes dehors, je veux qu’elle mette son bonnet / elle ne veut pas mettre son bonnet.

Je suis passée à la demande direct, voir même exigence, et c’est clair, ça n’a pas marché!! (Il se trouve qu’elle est très douée pour exprimer ses limites et ses NON), en l’espace d’une minute, nous sommes devenues « ennemies »: chacune sur sa position, chacune avec sa stratégie préférée. Direct, c’est la distance entre nous.

Ça a duré quelques minutes assez douloureuses ou ses NON fermes, plus haut en décibels que ce que mes oreilles et mon cœur aiment, m’ont été douloureux à entendre et ont stimulé en moi l’envie de lui dire à mon tour avec des décibels plus élevés: « C’est comme ça et tu ne discutes PAAAAAAS! »

CONNEXION À MOI:

Je suis super reconnaissante envers moi-même et la CNV d’avoir fait une pause, respiré et fermé ma bouche et de m’être écoutée avant de lui parler comme ça… J’ai respiré, accueilli les sensations désagréables dans mon corps quand j’entendais ses « NONNNNN ».

Puis, je me suis demandée  » Pourquoi je veux qu’elle mette son bonnet en fait? « Parce que je me sens inquiète, il fait 1°C, j’ai peur qu’elle prenne froid ». Je respire encore et plus profond, je réalise, « Si elle prend froid, j’ai peur que ses parents (mon frère et ma belle-sœur) me fassent moins confiance et qu’ils doutent de ma capacité à prendre soin de ce petit être, et moi, j’adore être avec elle. ».

EMPATHIE:

Plus calme et avec plus de ressources en moi et de clarté sur ce qui m’habite, je décide de tourner mon attention vers elle, de me mettre en empathie (de deviner ses sentiments et ses besoins derrière son action):
« Rosa, t’as vraiment pas envie de mettre ton bonnet là! Est-ce que t’en as marre qu’on te dise ce qu’il faut faire et pas faire? Ça te saôuuuuuuuuule les adultes là qui te disent tout le temps sans te demander ton avis, c’est ça? T’as envie d’être libre de faire tes choix! C’est ça? »
Là, une voix en moi me dit « Mais n’importe quoi, elle a 1 an et demi, elle parle pas encore, elle va rien capter ».
Puis, je me dis « On s’en fout des mots, c’est l’intention qui compte et ça, je suis sure qu’elle capte dans quelle intention je suis avec elle: ouverte au dialogue, dans la compréhension ou dans l’exigence »…

Elle me regarde avec de grands yeux, elle ne dit plus NON. Elle reste silencieuse et me regarde, et je continue à deviner ce qui se joue pour elle, à mettre mon cœur et mes oreilles vers son âme, l’entendre vraiment dans ses besoins. Elle me fait Oui de la tête…

EXPRESSION AUTHENTIQUE: 

Puis, je passe en expression, en me centrant sur mes sentiments et besoins plutôt que de lui dire des « Il faut »: « En fait, je suis inquiète que tu prennes froid. On est dehors, il fait 1°C et t’as des cheveux tout fin, pas confiance qu’ils protègent ta tête encore. Puis j’ai pas envie que tes parents te récupèrent malade, j’ai envie qu’ils me fassent confiance comme ça je peux continuer à passer du temps avec toi! »

Elle me regarde, ne dit rien. Et je dis « Alors, j’aimerais que tu mettes ton bonnet… ».
Je le lui donne, elle le jette par terre et continue à marcher…

DEMANDE ≠ EXIGENCE

Je décide de le ramasser et je me donne de l’écoute de nouveau à moi-même, je me sens plus détendue et moins dans l’urgence qu’elle le mette. Après tout, je détesterais, moi, qu’on me force… Puis, je me dis qu’on sera bientôt arrivées au café où il fera chaud… 2mn plus tard, elle prend le bonnet (que j’avais mis dans la poussette), elle le met et me regarde avec un sourire que j’interprète comme « Voilà Tatie, je veux bien si ça te rassure ».

FIN!

Je ne dis pas que chaque situation se termine forcément ainsi, mais ce qui me touche le plus, c’est qu’à partir du moment où j’ai pu m’écouter, m’exprimer et l’écouter, nous sommes passées d’ennemies à alliées, et ça pour moi, ça change tout dans la qualité du lien.